Q&R : L’entrepreneure en santé mentale Micheline Khan explique à quoi devraient ressembler des soins culturellement compétents

Micheline Khan se qualifie elle-même d’entrepreneure accidentelle. Scientifique de profession, elle dirige maintenant Althea Therapy, une plateforme en ligne qui relie les personnes noires, autochtones et racialisées aux fournisseurs de soins de santé mentale qui peuvent comprendre leur culture.  

Khan s’est tourné vers le monde de la technologie et de la santé mentale dès le début de la pandémie de la COVID alors que le racisme anti-Noirs et anti-asiatiques se répandait dans le monde entier. Son objectif était de tirer parti de la technologie pour déstigmatiser la thérapie et améliorer les résultats en matière de santé mentale pour les Canadiens noirs, autochtones et racialisés. Althea Therapy – du nom de la mère de Khan (althea signifie « guérison » en grec) – est née.  
 
Depuis, la plateforme a bâti une communauté de clients et de professionnels de la santé mentale et du bien-être. Ensemble, ils s’attaquent aux répercussions du racisme et de la discrimination sur la santé mentale dans la salle de thérapie.    

« Ce qui a vraiment commencé comme un projet parallèle est devenu une sorte d’outil communautaire nécessaire pour les personnes racialisées et les peuples autochtones à travers le pays », dit Khan.  

wmnHealth a parlé à Khan de ce que les soins culturellement compétents devraient être à leur meilleur, où les trouver et quelle est la prochaine étape pour Althea Therapy.  

Cette interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.  

Comment définissez-vous les soins culturellement compétents?  

Je le vois comme des thérapeutes visant à créer un espace pour le contexte culturel des gens, qui façonne votre expérience de vie globale. C’est reconnaître et honorer les intersections d’identités multiples, qu’il s’agisse de l’âge, du sexe, de l’orientation sexuelle, du statut socio-économique ou de la religion. Par exemple, un thérapeute culturellement compétent pourrait éviter le langage hétéronormatif lorsqu’il pose des questions sur l’éducation ou les relations. Donc, au lieu de dire, êtes-vous attiré par les hommes ou les femmes, ils demanderaient, qui êtes-vous attiré dans les relations amoureuses? Un autre exemple est la compréhension du langage ou de la terminologie différente que les gens de certaines cultures utilisent pour décrire les problèmes de santé mentale. Dans certains cas, ils peuvent même décrire ressentir de la douleur physique lorsqu’ils souffrent de dépression ou de problèmes de santé mentale. Les thérapeutes ayant la bonne formation et qui sont culturellement sensibilisés peuvent comprendre et se rendre compte que les problèmes de santé mentale peuvent apparaître sous de nombreuses formes.  

Althea Therapy a récemment introduit des accords communautaires pour les thérapeutes répertoriés sur la plateforme. Quel est l’objectif de ces accords?  

L’objectif est de s’assurer que les professionnels de la santé mentale avec lesquels nous collaborons ont à la fois l’expérience vécue et les outils nécessaires pour aider les gens de ces communautés. Ils ont besoin d’une formation appropriée, comme une formation anti-oppression ou culturellement adaptée. Les ententes communautaires sont conçues pour s’assurer que nous sommes alignés sur ce que signifie pratiquer l’humilité culturelle et les soins de santé mentale adaptés à la culture, respecter la dignité et le libre arbitre des clients dans toutes leurs intersections et disposer des outils nécessaires pour fournir un soutien adapté en santé mentale.  

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Un nouvel accent mis sur des soins de santé mentale culturellement compétents pourrait changer la donne pour les femmes racialisées. Rencontrez quelques-uns des leaders qui transforment les services de santé mentale et aident les autres à entrer en contact avec des thérapeutes qui comprennent leur vision du monde.

 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui recherchent des soins culturellement compétents?  

Je pense qu’il est toujours utile de réserver une consultation gratuite de 15 à 20 minutes que la plupart des thérapeutes, pas tous, offrent. Ils vous aident à évaluer si vous avez un rapport, ce qui est vraiment important dans le processus thérapeutique parce que c’est un endroit où vous serez vulnérable. Vous pouvez également demander au thérapeute s’il a été formé sur la discrimination ou le racisme et comment cela affecte la santé mentale ou s’il a travaillé avec des personnes de votre culture particulière. Cela vous donne une base de référence pour savoir s’il s’agit d’une personne qui va comprendre vos besoins et votre contexte culturel.  

Comment Althea Therapy a-t-elle évolué depuis son lancement ? 

Je consacre beaucoup plus d’efforts à l’éducation, ce dont j’ai réalisé que la communauté avait besoin. Nous voulons fournir une foule de ressources pour aider à déstigmatiser la thérapie pour les personnes dans les communautés qui n’ont généralement pas accès à ces services. Et nous accordons la priorité à l’information fondée sur des données probantes et nous nous assurons de collaborer avec des organismes de recherche pour l’élaborer. C’est le changement majeur.  

Que manque-t-il dans la conversation sur la santé mentale des femmes, en particulier pour les femmes noires, autochtones et racialisées ?  

J’insisterais sur l’importance des soins communautaires, de la création et de la culture d’une culture communautaire de sensibilisation à la santé mentale, car souvent, les gens ne peuvent pas résoudre leurs problèmes seuls. Le rétablissement est un parcours difficile. Et si nous ne cultivons pas les soins communautaires, les soins des pairs et un réseau de soutien, il est si difficile pour les individus de se débrouiller seuls. Et donc, je pense que c’est une chose importante à laquelle nous devons réfléchir et offrir plus de services.